15 Décembre 2017
Tradition sous nos latitudes : à chaque rencontre on tend sa joue et on se colle des bises.
Longtemps, je ne me suis posée aucune question, rituel habituel. Puis, il y a quelques années, j'ai séjourné en Grande-Bretagne où les corps ne se touchent pas pour se saluer. Juste un "hug" pour grands événements, départs lointains ou retrouvailles intenses.
A mon retour en Suisse, j'eus, les premiers temps, des gestes de recul assez vigoureux lorsque l'on se jetait sur moi pour m'embrasser. Je me refis à ces usages, non sans en avoir gardé un esprit critique quant à cette manie de se câliner y compris lorsque nous nous connaissons à peine.
Désormais, j'abhorre la version brusque du geste ou, pire, la version de celle ou celui qui a dû sauter la leçon du bisou doux sur la joue, et qui, par un effet conjugué, vous attire contre elle/lui, tourne vivement la tête pour être perpendiculaire à votre visage, et, dans un mouvement des lèvres aspirant, vous suçote la pommette, la relâchant dans un bruit sourd tout en y laissant une sensation légèrement humide. En principe, la victime précédente dudit baiser vous lance un regard complice et moqueur qui achève de vous dégouter (surtout que comme vous êtes trop bien élevée, vous ne pouvez pas vous essuyer la joue et devez donc attendre patiemment le séchage par air libre).
La bise, cet instant d'éternité s'il est frissonné contre une peau soyeuse ou légèrement piquante, peut virer torture face à l'envahissant qui, avec clairvoyance, saisit à pleine bouche l'opportunité qui lui est par les traditions donnée de pouvoir vous tripoter (en vous saisissant la main, le bras ou pire, les épaules à la mode boas constrictor).
Échange familier, concentré de coutume sociale que, par chance, en cette saison hivernale, on ne saurait pratiquer quand un rhume, une toux ou autre batterie de microbes s'est dans notre corps malencontreusement installé.