18 Janvier 2018
Des visages jeunes. Des regards curieux. Une obligation d'être là, mais finalement cela remplace une ou deux périodes, alors peut-être vaut-il mieux écouter une auteure en goguette qu'avoir cours. L'écrivaine a, cette après-midi-là, le changement de la routine pour elle.
Ils sont nombreux. Pas trop, mais suffisamment pour que l'impression de foule se fasse sentir. Ne pas s'asseoir pour éviter qu'ils s'endorment. Affront pris personnellement ; en gigotant, ils resteront peut-être attentifs. Quelques heures auparavant l'exercice a déjà été fait. Mais face à des adultes, dans un contexte bien calibré. Et ces participants précédents avaient choisi de venir. Les ados, eux, sont dans un exercice imposé.
La première. Celle si redoutée. Tant par la salle qui ne veut pas se lancer que par celle soumise à la question. Le moment de briser la glace, de voir comment vont se passer les quelques heures à partager. Monologue ou échange? L'interviewée s'en inquiète. Trop longue ou trop courte, trop ou pas assez détaillée, elle sait que la première réponse conditionnera la suite.
Jeter un coup d'oeil à l'enseignant. Les interrogations commencent à fuser. Couverture, contenu, création, promotion, finances. Désacraliser le livre, expliquer l'écriture, raconter sa passion, son métier. Et leur lire une nouvelle. Celle inspirée par les lieux, celle en lien avec leur vie lycéenne. Fiction un peu moins lointaine. Applaudissements intimidants venus de nulle part.
Au bout d'un moment, quelques mains habituées se lèvent. Et puis une que l'on avait pas encore vue. Une que l'on avait sentie sur le point de venir, mais qui a longtemps hésité, résisté. Répondre d'une manière appliquée et sérieuse. Elle a mis du temps à s'exprimer, mettre un soin particulier à formuler. Respect de l'effort que la prise de parole a impliqué.
C'est fini. Déjà? Des livres à signer. Et ces questions presque intimes murmurées. Ces anecdotes, ces remarques. Quelques compliments aussi. Une proximité particulière. Loin des oreilles parfois critiques des camarades. Ils ne s'en vont pas vite. Ils n'ont pas fui. Victoire personnelle de leurs sourires. Encore un peu d'encre noire déposée.
Le silence extérieur contraste avec le brouhaha intérieur que leur présence a laissé.