3. Call me

Vos relations avec les call-center sont particulières. Il faut dire que d’avoir à taper en x étapes un code à douze chiffres pour finalement vous retrouver à attendre qu’un humain vous réponde sur fond de petite ritournelle agaçante parce que « tous nos collaborateurs sont actuellement occupés » ne vous met pas dans les meilleures dispositions pour aborder l’épreuve d’une discussion sereine, surtout quand la musique est régulièrement interrompue pour vous rappeler que « vous pouvez en tout temps consulter le site www.débrouillezvoustoutseul.com».

Ils devraient pourtant savoir que si vous pouviez éviter ce genre de téléphone, vous vous passeriez bien de les appeler...

Bref, après une attente vous permettant d’avoir entendu toute la neuvième symphonie de Beethoven ou douze fois en boucle Pour Elise, enfin, ce que vous pensiez être le Graal, arrive :  une voix non enregistrée vous parle. Et c’est en principe là que la conversation vire à l’absurde.  Car si, ô malheur, votre cas n’est pas standard (ce qui est un peu la raison pour laquelle vous avez dû empoigner votre combiné), vous vous retrouvez rapidement avec une fin de non-recevoir. Vous avez beau tenter d’expliquer le problème avec minutie, d’argumenter, de justifier, de plaisanter, voire de supplier, vous avez beau essayer de rester calme, de respirer, de vous dire que la personne qui vous répond n’est pas coupable du fait que votre question ne rentre pas dans la case B12 du formulaire C253, vous finissez immanquablement par vous énerver, demander à parler au supérieur, voire raccrocher avec vigueur en balançant le téléphone pour plus de conviction.

Ces entretiens passionnels avec les services clients en tous genre (et ils sont nombreux : opérateurs téléphoniques, fournisseurs internet, assureurs maladie, services après-vente et j’en passe) ont un deuxième effet surprenant : votre progéniture plutôt encline à fuir quand elle sent votre colère monter, soudain se rapproche pour mieux venir assister médusée au spectacle du courroux annoncé qui, pour une fois, ne lui est pas destiné.